mardi 2 janvier 2007

MIROIR(S)

La dernière salle d’un département moribond, des épouvantails d’amiante jaunes et flasques crèvent le toit artificiel, exhalent un cancer jaune, qui, libéré, court entrelacer les cerceaux de fumée de nos cigarettes grisonnantes.
Tes mains répondent mal. Je m’inquiète, te pose une question : « comment tu définis notre relation ? » Un caractère de grimaces te bloque la parole, et elles brisent ta volonté, se répètent indéfiniment, les muscles se contractent et se décontractent de leur propre gré et les grimaces deviennent tics.
Ces quelques secondes de grimaces furent éternelles dans leur intensité tragique, ils défièrent l’écoulement chronologique et demeurèrent impassibles dans une mémoire atemporelle.
Cette image me hante, elle m’a montré les démons de tous les temps qui rongent ton être de coton, les vers bizarres qui déchirent ta chair rose, le peu de courage que tu as pour affronter l’ennemi, ta vulnérabilité, tes résignations, ta tristesse de veuve qui s’interdit d’être triste.
J’ai compris enfin que tu es désossée, flasque ainsi que les monstres du toit. Et que tu as peur que tes os repoussent parce que ça fait mal.
J’ai eu pitié de toi, je me suis dit, je veux l’aider, puis-je le faire ? Suis-je à la hauteur d’une telle responsabilité ? Puis-je lui faire cracher tout le pus qui bloque ses poumons ? Car j’aime ses poumons, je veux qu’ils respirent, légers, roses.
Je veux que la lumière de tes yeux défonce cette écluse verte et déborde sur l’espace de vie et d’énergie. Vole, vois, vis.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Tes mots dansent dans ce texte dense.

seif a dit…

mon Dieu!
quel beau blog

Louwings a dit…

@Cédric: Merci!
@Seif: Passe me voir!
@Samitriani: je cherche toujours mon sauveur...Désespérément!

Lobs a dit…

oh!
on dirait une plaque à 96 puits (ELISA)
que de petits boutons!

(déformation professionelle, sorry)